Étienne Chouard, être humain, s'explique, et explique, sur trois vidéo réalisées par Studio One
fin 2020 dans le cadre d'un entretien complètement paisible, dans
lequel la passion et l'enthousiasme agissent de façon intensive pour
faire surgir un maximum de sève. C'est un vrai bonheur, extrêmement
didactique aussi. |
Pour faire connaissance avec Ariane Bilheran, on peut par exemple se prendre une bonne heure pour regarder cette interview ou celle-ci. On peut aussi prendre 41 minutes pour lire cet article
qu'elle a écrit à la fin de ce mois d'août. Dans les deux cas, je crois
qu'on en sort touché voire remis en question, et c'est assurément pour
la bonne cause ! |
Bernard Stiegler est parti jeudi
dernier. Certains disent qu'il a mis fin à ses jours pour enrayer un
processus de maladie qu'il savait sans rémission. On est triste de le
voir partir un peu tôt. En octobre dernier, il avait fait une interview croisée avec Alain Damasio.
On peut y savourer son intelligence et le sérieux ouvert de sa pensée
aspirant aux "bifurcations". Et comment la vitalité gourmande très
polaire d'Alain Damasio sonnait là comme un fraternel contrepoint. |
C'est quoi TikTok, plateforme offertes aux gamins sur laquelle Macron vient d'aller démagoguer un coup ? Il faut lire l'article de Télérama pour entrevoir l'horreur du réseau et mesurer le cynisme honteux du bonhomme. |
François SARANO prend la parole, sur Reporterre, par exemple (video) , ou sur France inter, voire avec son livre récemment paru
chez Actes Sud. Et c’est magnifique, cet enthousiasme humaniste dont il
sait faire preuve. Un souffle de conscience et d'optimisme. Excellent
pour prévenir les épidémies de conneries ! |
Dans sa chronique de geopolitique sur France Inter, ce matin, Pierre Haski lance l'alarme au sujet du danger
pour la démocratie et pour la vie sociale, que représente l'utilisation
"ordinaire" (c'est à dire sans conscience) des ordiphones. Ce cri de
bon-sens peut-il être de nature à réveiller ? |
Lionel Naccache : "L'enjeu de la connaissance, c'est de se laisser transformer". Ce médecin neurologue a fait ici une réjouissante intervention sur France Inter. Il y soulève notamment la question de la surconsommation dans le champs informationnel comme dans le champs relationnel, qui déshumanise dans le sens où, dans les deux cas, elle ne permet pas que l'on prenne le temps de s'approprier, donc de se laisser transformer par la rencontre. Invitation à ralentir, du côté des "intrants", et à intensifier, du côté de la vie intérieure, afin de rétablir l'équilibre ? |
Juan Branco :
Son livre "Crépuscule" est une enquête fort éclairante susceptible de
dessiller les yeux sur le bouillon bien scabreux qui nous tient
lieux actuellement d'élite politique au pouvoir. Il dessille aussi les
yeux sur la nécessité,
si l'on veut suivre sérieusement les événements, d'aller voir ailleurs
que sur les médias mainstream, tous paralysés par le hold-up de nos
Niel-Arnaud-Lagardère-Bouygues et Co qui verrouillent tout. Crépuscule, cependant est dans le peloton de tête des ventes de livre, en mars ! Pour lire un petit commentaire du livre, par Hervé Kempf, voir ici sur Reporterre. Et les vidéos d'interview ou de conférence de Branco sont abondantes sur le web. Celle-ci par ex, qui dure 30 min, extraite de Thinkerview. |
La face sombre de wikipedia : Un danger pour la libre circulation des idées ? Un contributeur d'Agoravox y portant le pseudo de "Silice", a écrit un article dans lequel il fait part du travail d'enquête auquel il s'est livré dans les cuisines de wikipedia.
Il y prend l'exemple de la page consacrée à François Asselineau.
Il montre comment un quarteron d'administrateurs de l'encyclopédie
y impose des points de vue très personnels en transformant l'article en
une tentative de discrédit dissuadant d'y accorder la moindre
bienveillance. Bref, de la manipulation. Tous ceux qui comme moi ont cherché à faire que des données sérieuses non-malveillantes soient présentes dans les articles de WP touchant aux idées ou aux réalisations inspirées par l'anthroposophie, peuvent confirmer qu'on se heurte à ce type de verrouillage. La chose est grave, car la bonne réputation justifiée des articles de WP traitant par exemple de sujets scientifiques, historiques, factuels, conséquence d'une mise en œuvre réussie de la collaboration de nombreux contributeurs très pointus, incite à accorder finalement sa confiance à l'ensemble du projet. Pourtant de fait, sur des domaines délicats, on constate que des articles sont verrouillés sur des points de vue très partisans ne laissant aucune chance au "non-conforme". Des personnes se sont octroyé le pouvoir, et prétendent prêcher ce qu'il est bon de penser. Toute mise en question du dogme sera taxée de tentative de subversion. Peut-on protéger wikipedia de ses "petits chefs" ? |
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Matthew B. Crawford, mécanicien philosophe porte un regard enthousiasmant sur les vertus édifiantes de la
réparation des motocyclettes, grâce à quoi il a pu se construire un lien
de sage avec lui-même et avec le monde : philosophe, quoi ! Son Éloge du carburateur mérite vraiment le détour, de même que son deuxième ouvrage intitulé "Contact, pourquoi nous avons perdu le monde et comment le retrouver", dont j'ai récupéré ici les premières pages, savoureuses, où il est question de l'économie de l'attention. |
Éric Sadin : Interview de 2h sur Thinkerview. Son discours frise parfois ici la saturation par l'indignation voire la colère, mais les enjeux ne le justifient-ils pas ? Ce gars est un défenseur de l'art et de la vraie vie pour lesquels il ferraille comme un Don Quichotte passionné. Il vient d'écrire L’Intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle : Anatomie d’un antihumanisme radical, L'échappée, coll. « Pour en finir avec », , 304 p. Il vient à Strasbourg le 15 novembre pour en parler à la librairie Kléber (1 rue des Francs-Bourgeois). |
Nos amis suisses lancent un superbe référendum : (communiqué diffusé par le Futurum Verlag) "L'écornage des vaches et des chèvres est un mépris de la dignité animale: on met des cornes sur sa propre morale. Justifier l'écornage de ces animaux révèle un manque de considération pour les ruminants. C'est tout simplement injustifiable. Les animaux sont nos partenaires sur terre, ils méritent donc notre respect et la préservation de leur intégrité. S'ils ne sont traités que comme des "animaux de boucherie", c'est pour le moins une preuve d'absence de réflexion. De cette désinvolture (ou de cet égoïsme) découle ce traitement méprisant de l'animal, qui est ainsi privé de dignité et d'empathie. Nous espérons donc que le 25 novembre, une majorité votera en faveur de cette initiative afin d'envoyer au moins un signal. Avec nos meilleures salutations, aussi de notre troupeau de chèvres, et en particulier de notre bouc Sidi al Hamram" |
Les nouvelles technologies en guerre contre nos enfants ?
Titre d'un article de Richard Freed, psychologue pour enfant, exerçant
dans la Silicon Valley, où il présente notamment les travaux d'un
certain docteur B. J. Fogg, père des "technologies séductives" alias "captologie". Ce texte a été traduit et mis en ligne par Loys Bonod sur son blog. J'en ai fait un document odt aisément imprimable (9 pages, quand même !). Un constat à la fois accablant et stimulant, pour reprendre la main ? |
Pablo
: On est aujourd'hui fort entouré d'amuseurs publics qui nous
encourageront à nous extasier des torses bombés des militaires du défilé
de ce matin sur les Champs-Élysées, avec leurs joujoux high-techs, ou
qui alimenteront l'émotivité de foules infantiles et chauvines anticipant
certain match de foot... Et si on se laissait proposer de penser profondément et sereinement, comme le fait Pablo Servigne ? Dans cet interview, par exemple, on peut regarder et écouter pendant 1h50 comment cet homme s'efforce d’intégrer de façon conséquente l'ensemble des données sur le monde qu'il s'est donné ;-) la peine de rassembler pour aller vers l'avenir les yeux grands ouverts. Ça peut parfois paraître angoissant, et ça semble cependant profondément humain. Ne surtout pas rater la fin, à partir de 1h35, où il est question des enfants, d'abord, puis des soins palliatifs. Si les écrans nous fatiguent les yeux, on peut aussi consulter en l'imprimant cette grave tribune qu'il signe sur Reporterre. Et pour aller vers la Collapsosophie, dont il parle dans son dernier ouvrage "Une autre fin du monde est possible", on peut prendre le temps de regarder la video de ce touchant échange avec François Ruffin, daté du 31 octobre. |
Fabrice Nicolino : Un qui sait l'ouvrir bien grande et qui sait aussi ce qu'il peut en coûter ! Le texte sur Macron mis ici en lien est un bel exemplaire de sa verve magistrale. Sur un autre registre, ce texte aussi
d'un militantisme tellement humain, mérite largement d'être lu, récité,
et pourquoi pas, "gesticulé", comme l'a fait par exemple Audrey Vernon récemment dans une soirée en soutien à la revue Reporterre. |
Les vélos en libre service et la "tragédie des communs" : Cet article de Lionel Maurel propose
la direction dans laquelle pourrait être recherchée une voie permettant
d'échapper à la "tragédie des communs" qui est d'ordinaire amenée comme
justification à la mise en place de la privatisation généralisée.
Il s'agit en fait de se saisir de façon conséquente de l'aspiration
humaine à la démocratie et à la gouvernance responsabilisée. Tout simple
! ;-) |
"Flore Vasseur : "Enjoy
! Just do it ! Parce-que tu le vaux bien !"
Un touchant TEDx dans lequel elle décrit sobrement son
parcours, et parle de ce "Meeting Snowden" qu'elle a
filmé pour partager son souci sur l'avenir de notre démocratie, et sur l'avenir tout court. "Ne pas faire
l'histoire, mais la permettre" dit-elle, et peut-être
contribuer simplement à ce que l'humain puisse
poursuivre. Une sœur d'arme... |
Manipulation de l'opinion par les
réseaux sociaux : pollution grave pour la vie
sociale. Lire ici un compte-rendu
d'actions "édifiantes" menées en Inde en
utilisant Facebook pour amener les gens à "bien voter". |
Faut-il se méfier de sa voiture ? Mais
oui ! aucun doute que les évolutions techniques en cours
incluent de plus en plus dans les voitures des
dispositifs de captation de données que les
constructeurs automobiles ne se privent pas de valoriser
à leur profit. J'ai traduit ici un article
du Washington Post sorti en janvier dernier qui
décrit soigneusement le mécanisme. Une raison de plus de
remettre en question la bagnole ? |
Vers un "Crédit social" généralisé ? Le
projet semble être actuellement en phase de test en
Chine, et il est clair que la technomanie numérique
alimente puissamment la manœuvre. Lire à
ce sujet cette étude réalisée par un étudiant (que j'ai fait précéder d'un article plus récent encore, tiré du Nouveau Magazine littéraire) qui
s'est penché sur la question et fait connaître ici des
documents qui précisent bien le concept dont il s'agit.
(6 pages de texte). |
"Génération j'ai le droit", que
Barbara Lefebvre vient de publier chez Albin Michel,
semble formuler des réflexions d'une grande lucidité sur
des situations que tous les profs connaissent bien, et
qui font parfois friser le découragement quant à la
possibilité de continuer à assumer la tâche. C'est finalement
un appel à regarder en face et à affiner nos pratiques
d'éducateurs. Pas de raison de s'en priver. |
Le journal Les Échos, qui ne fait
pas forcément partie des médias les plus "alternatifs"
du paysage ;-) vient cependant de publier une
brève tribune de Rosie Bordet qui invite à
s'interroger sur le déploiement en cours d'outils dédiés
à la sexualité numérique. Le bons sens peut certes surgir de partout, la vie ne se laisse pas si facilement étouffer, courage ! |
Jean François Billeter est venu
parler avec Kathleen Evin dans son Humeur
Vagabonde du 30 décembre dernier. On y
entend s'exprimer le tact et la grande profondeur de cet
homme, qui réfléchit et ose exercer sobrement,
honnêtement et de façon exemplaire ses forces
d’intériorité. Touchant. (Émision de 35 min). Son "Autre
Aurélia" est un journal délicat de son vécu à la suite
du décès de son épouse Wen. À faire connaître à
quiconque vit l'épreuve du deuil. Ses "Esquisses"
constituent aussi un bijoux de petit livre de chevet. |
Une belle interview d'Isabelle Adjani, réalisée par J.M.Dupuis sur la question de la dernière loi d'obligation vaccinale. Ça méritait me semble-t-il d'être extrait et mis en circulation largement. S'opposer au crime contre l'immunité ! |
La fable du Loup et du
Chien, de Jean de la Fontaine, peut bien
être prise, entre autres, pour une savoureuse métaphore
du lien qui s'établit entre le GAFAM et tous ceux qui se
laissent insidieusement entortiller par lui et par le
fameux modèle "gratuit". Mais ces loups de libristes ne se bornent pas à courir en liberté, ils s'efforcent aussi d'attirer l'attention sur l'urgence culturelle des processus de crétinisation qui sont en marche ! Ici, version audio en mp3 |
Des
"mots de minuit" d'une humanité et d'une
finesse impressionnante, échangés entre ces deux femmes,
Mona Chollet et Cynthia Fleuri, provoqués par les
questions d'un animateur certes un peu bavard mais dont
l'intelligence est à la hauteur. Il s'agit là de
réflexions sur les conditions permettant d'épanouir
l'individuation, celle qui rend possible la citoyenneté,
et sur la question de l'imaginaire comme ingrédient
nécessaire à la vraie réalité, que les mécaniques
culturelles "mainstream" veillent à détourner en
consumérisme résigné, abruti. Frrrrrrrrr ! ça fait du
bien ! ;-) |
Fabrice Hadjadj est un gars dont la
pensée est fine et profonde, humour y-compris. Ses
contributions à la revue Limite sont, je trouve,
remarquables. En
voilà une par exemple qui traite de transit intestinal
pour éclairer la nature du Transhumanisme à partir de la
réflexion sur le moment où l'homme se met à avoir honte
de roter : ma fois bien savoureux ! (Burp !) |
Julos Beaucarne dit avec des mots parfois
douloureux, la tension qu'accompagne le fait de vouloir se maintenir dans l'aspiration à être soi sans renoncer à la joyeuse stimulation de la rencontre et du lien... Femmes et hommes... |
Quand les enfants sont des enfants, ils voient dans le monde, partout, des appels à l’aventure; la moindre porte, la moindre fracture leur permet de se dissimuler au regard des adultes. Présents un instant, ils disparaissent mille fois et vivent des vies magiques. Leurs silences valent leurs paroles, et leurs ombres leur appartiennent.
Quand les enfants sont des enfants, ils sont les uns pour les autres; ils s’attirent comme des aimants et osent se battre comme des fauves. Leurs sentiments correspondent entre eux, et ils savent s’appartenir, ou faire troupe, ou faire meute. Dans le monde, ils ne sont pas seuls.
Quand les enfants sont des enfants, la vie ne leur est pas interdite. Ils ne sont pas plus exclus de la rue, de l'atelier, du chantier, ou du terrain vague, que de la chaleur rassurante du nid domestique. Ils sont de vrais habitants de nos cités. Ils sont le petit peuple des interstices.
Quand les adultes sont des adultes, ils ont une vie à eux, une vie ample et des espoirs aussi, et ils s’efforcent de gérer leurs peurs. Ils visent un avenir.
Quand les adultes sont des adultes, ils ne volent pas la vie de leurs enfants, ils ne les dévorent pas de leurs regards, ils ne les photographient pas sans cesse; ils ne les espionnent pas avec leurs gadgets technologiques. Ils ne les mettent pas au centre de leur prison.
Quand ils savent balayer parfois devant leur porte, quand ils chassent les sourires hypocrites, qu'ils désertent les maisons sans nom, quand ils inventent des mots dans l'espoir de ne plus contrefaire la vérité, les enfants ne cheminent-ils pas, tant bien que mal, vers l'âge adulte ?
Repris et infléchi à partir d'un fond
de sauce initialement mitonné et publié par Laurent Ott sur
http://www.questionsdeclasses.org/?L-actualite-des-Kroniks-Robinson-Graine-d-orties-636
Étienne
: Il me semble que l'on se
priverait d'une rencontre
essentielle dans la vie
culturelle d’aujourd’hui
si on ne prenait pas le temps de
lire, d'écouter,
regarder,
ou pourquoi pas, de
rencontrer de chair et
d'os Étienne Chouard.
Sa posture dans les
débats et réflexions sur
la recherche de
solutions aux grands
problèmes
de notre monde me
semble
particulièrement
exemplaire ; toute
d'humilité, de
courage, de pensée
libre et de foi dans
l'humain, et dans les
vertus du dialogue.
Un exemple ? cette vidéo d'une interview sur des
sujets
très
polémiques. Ajout de juillet 2020: son interview sur Thinkerview vaut la peine, de même que ses propos tout récents en sortie d'audition à la P.J. Lire aussi les commentaires en dessous de cette vidéo, qui sont tous très touchants. |
Alexandre Grothendieck est décédé ce 13 novembre. Acteur principal de la revue "Survivre et vivre" des années 70 du siècle dernier ;-) il a incarné avec intransigeance des exigences fortes de conscience et de cohérence dans les choix de vie. C'était très bousculant, vu l'envergure impressionnante des aptitudes mentales de cet homme. Il a terminé son parcours de vie dans une sorte de posture d'ermite un peu misanthrope, mais les pensées qu'il a nourries font désormais partie du grand "commun" spirituel de l'humanité, et ont sûrement puissamment contribué au réveil de conscience et à la mise en mouvement vers l'avenir de beaucoup d'entre nous. On peut le retrouver, par exemple dans cette conférence qu'il a donnée au CERN en janvier 1972, où il ose argumenter paisiblement, dans ce lieu à priori bien éloigné de sa démarche, en faveur d'un arrêt de "cette façon" de développer la science. Cette conférence fragmentée en 3 fichiers audio, mérite vraiment d'être écoutée jusqu'au bout, y compris dans les échanges et discussions où l'on sent fortement s'exercer une présence d'esprit et une aptitude au dialogue exemplaires, dépourvues de cabotinage. Un authentique "tout à l'idée", en lieu et place des "tout à l'égo" qu'on perçoit trop souvent aspirant le discours de ceux qui parlent. Merci Alexandre. |
Projet Tera :
fin de première étape Belles rencontres, ces 25, 26 et 27 octobre, sur le site de Karma Ling à Arvillard. Cette ancienne Chartreuse, initialement fondée là pour extraire le fer des veines locales afin de forger les épées dont avaient besoin les chevaliers partant pour la croisade, est devenue un lieu enchanteur où s'expérimente passionnément la "pleine présence", dite aussi "pleine conscience" (Mindfulness). Cette posture est certainement un excellent préalable à un engagement juste dans les problématiques de notre monde. C'est ce que l'on pressent là bas, où il n'est pas du tout question de fuir le tourbillon du monde, mais de se préparer à s'y replonger pour contribuer à en humaniser joyeusement l'écoulement. |
31 juillet 1914 - 31 juillet 2014 : Voilà 100 ans que Jean Jaurès est mort assassiné. Il est émouvant de lire aujourd'hui des textes écrits par cet homme, un grand frère ! Ah ! si les hommes politiques d'aujourd'hui pouvaient chercher à se relier réellement à son étoile, essayer de se laisser contaminer par sa largeur de vues, son intelligence, son idéalisme... On peut rêver, non ? Voici sa préface à "Histoire du socialisme" |
Chut ! y'a Antoinette Rouvroy qui
parle : |
Pour ne pas céder à la désespérance de la calamiteuse dualité "l'État ou les Marchés", on peut chercher la troisième voie, celle que la voix de Valérie Peugeot s'attache à décrire dans sa réalité en parlant des "biens communs". Elle n'est plus seulement en germe, mais bel et bien à l’œuvre dans plein de domaines. Il faut lire cet article, admirablement bien écrit où l'état des lieux est mené avec une sobriété et un sérieux impressionnants. Merci Valérie. |
Soyez
comme l'oiseau posé pour un instant Sur des rameaux trop frêles, Qui sent plier la branche et qui chante pourtant, Sachant qu'il a des ailes. Sacré Victor ! |
Dyslexie
Béatrice Sauvageot se présente comme une femme géniale dans le travail qu'elle a fait sur la compréhension de la dyslexie. Elle fait apparaître comme une évidence les vertus salutaires pour la société d'un accueil respectueux et reconnaissant de ces individualités qui bousculent et dérangent. Dans la dyslexie, l'humain affirme sa volonté farouche de ne pas céder devant l'aplatissement docile, devant les tendances à brider la vie, à perpétuer l'ordre établi. Vive la dyslexie ! Cela dit, il est aussi très intéressant, anthropologiquement, d'observer avec quel talent elle s'efforce de monnayer ses découvertes, et de convertir l'intérêt qu'elle est en mesure de susciter, en flux financier en direction de son propre compte bancaire ;-) Correction : il semble que Béatrice Sauvageot porte financièrement, grâce aux revenus de ses activités, l'association de recherche très active qu'elle a co-créée, et qui peut grâce à cela préserver son indépendance et sa liberté de manœuvre. |
Nos enfants
sont-ils des mutants ? Un congrès vient de se tenir à Paris sur ce thème et Boris Cyrulnik en rend compte ici sur France Info avec une tranquille sobriété, mais dans des termes bouleversants. Il dit tout simplement que la mise sous écrans des petits enfants, si elle améliore le QI, accroît les compétences en mathématiques et les compétences en "communication", elle laisse complètement non développée la capacité à la relation et l'aptitude à se saisir de ce qui vient du monde par les sens. Il s'en alarme au vu d'observations faites sur le caractère déterminant de la stimulation sensorielle dans l'enfance, et de l'irréversibilité des lacunes en ce domaine. Il laisse à chacun le soin de s'interroger sur les conséquences à prévoir dans l'avenir, soulignant que cette mutation considérable du contexte éducatif est complètement inédite et échappe le plus souvent à la conscience des adultes d'aujourdhui... Mise à jour avril 2019 : La nuit, j'écrirai des soleils ! très touchant. |
Après
l'holocène, l'anthropocène...
Des réflexions riches et soigneusement argumentées, voilà ce que semble receler l'ouvrage récemment publié par Christophe Bonneuil : L’Événement Anthropocène. On y parle du geste culturel qui sous-tend notre crise multiforme actuelle. Et on y pense avec une lucidité impressionnante ce qu'il conviendrait de réviser pour maintenir ouvert l'avenir de l'humain. Cet article de Libé par exemple permet d'entrevoir les pensées en question. |
Allez, vous reprendrez bien un petit coup de
Christian Bobin ! Pour la route... "Quand on sert la vie plutôt que d'en jouir" « Parfois, je pense à cette petite fille qui jouait à la marelle sur le parvis de la cathédrale d’Autun où des hommes s’apprêtaient à porter le cercueil de son père. J’aime les deux, le mort parce qu’il touche au ciel, et la petite fille parce que sa gaieté apaise Dieu et colore de rouge les joues de la vie. Les deux atteignent sans le savoir, et précisément parce qu’ils ne le savent pas, un sommet de lumière. Leur ignorance est un soleil que rien n’épuise. “Profiter de la vie”, “jouir de la vie” sont des mots d’ordre qui claquent dans l’air du monde moderne. Lorsque je vois ici et là des visages pleins d’huile et de santé féroce, je pense à l’enfant et au mort. Plutôt que “jouir” de la vie, il semble plus juste de la servir. Et comme on ne sait pas ce qu’est la vie, la servir ne peut être qu’accueillir cette ignorance divine au fond de notre cœur : jouer à la marelle ou bien mourir, quand c’est l’heure pour l’une ou l’autre de ces activités. Sans effroi, plutôt avec douceur. Entre ces deux portes éblouies, celle de l’enfant, celle du mort, nous pouvons toujours éclairer du papier blanc avec quelques mots, rouvrir un visage par un geste charitable ou encore rallumer la lumière dans un cœur comme une bête qu’on sort d’un piège : de ce que nous délivrons nous arrive en retour une lumière qui est la fleur de la vie, sa saveur longue et pure. Et n’oublions pas, insomniaques passagers du train des étoiles, de saluer et d’aimer le vin, la chair, les roses, et aussi les livres – ces anges dont le souvenir illumine le parvis d’une cathédrale à l’heure obscure. » |
| "Itinéraire de l'égarement : du rôle de la science dans l'absurdité contemporaine". Voilà bien encore un livre dont on ne devrait pas pouvoir faire l'économie de la lecture. Cet écrit signé par Olivier Rey, un prof de maths de polytechnique chercheur au CNRS, publié en 2003, pose avec une verve époustouflante de vitalité et de rigueur savante (union des contraires ?) toutes les questions fondamentales autour du sens et de la légitimité de notre aventure techno-scientifique en la racontant et la commentant à partir de ses débuts. Une implacable lucidité qui préserve quand-même la tendresse. Et ça se termine par une touchante invitation au "pas de côté" dont il a l'humilité de ne pas donner sa définition. Intéressant de découvrir que Jean-claude Guillebaud figure parmi les personnes qui ont soutenu et rendu possible la parution de cet ouvrage. |
Prochain rendez-vous pour reprendre le défi d'essayer de brasser la mayonnaise de la résistance et de la créativité sociétale : vendredi 8 février à 20h30 à l'école Perceval de Chatou. En collaboration avec Joël Acremant, conférence sous le titre : l'autonomie à l'ère du numérique : un défi pour l'éducation. Je souhaiterais y faire vivre les préoccupations admirablement synthétisées ici, par exemple par Julien Gautier à partir des réflexions de Bernard Stiegler. On invoquera aussi bien sûr le bouquin de Desmurget "TV lobotomie", un incontournable pour qui veut "des preuves" ! ;-) Et qui sait, peut-être y convoquerons-nous aussi les réflexions de Jean-Michel Besnier : l'homme "technologiquement augmenté" est-il l'avenir de l'homme tel qu'on le veut ? |
L'âme humaine est une
auberge :
Chaque matin, de nouveaux arrivants,
Une joie, une tristesse, une pensée mauvaise,
Une prise de conscience soudaine,
Surgissent, comme visiteurs inattendus.
Accueillez et choyez-les tous !
Même s'ils se présentent comme une horde de malotrus
Qui vident violemment votre maison de tous ses meubles,
Traitez chaque invité honorablement.
Peut-être vous débarrasseront-ils du superflu,
Ouvrant l'espace à de nouvelles plénitudes.
La pensée sombre, la honte, l'idée malveillante,
Accueillez-les sur le seuil en riant,
Faites entrer, recevez-les à l'intérieur.
Et dites-vous que chacune fut envoyée vers vous
Comme une aide, de l'au-delà.
Souhaitez la bienvenue à la
difficulté.
Apprenez l'alchimie que les hommes vrais connaissent :
Au moment où vous acceptez les ennuis que la vie vous offre,
Les portes s'ouvrent.
Souhaitez la bienvenue à la difficulté comme à un vieux
camarade familier,
Plaisantez avec les tourments que vous apportent un ami.
Les peines sont les guenilles de vieux habits qui servaient à
recouvrir, et qu'il est bon d'enlever.
Ce dévêtu, et le corps dénudé splendide que l'on découvre,
C'est la douceur, qui succède à la douleur.
Texte
cité par Arthur Zajonc dans "La méditation, une
recherche contemplative : quand le savoir devient
amour" p.43
adaptation. P.P. 05/07/2012
Oh ! voilà tout à coup un poête philosophe qui déboule dans notre paysage culturel : Lucian Blaga, un étonnant roumain décédé en 1961 dont la pensée et l'oeuvre, pour ce que j'en découvre, sont un splendide cadeau : voir ce poème par exemple, ou cette petite introduction à son oeuvre. Avec ses mots à lui, il semble éclairer par une pensée toute personnelle, ce que l'on trouve par exemple dans l'introduction de Steiner à l'oeuvre scientifique de Goethe, ou ce qu'Arthur Zajonc, dans son livre sur la méditation (La méditation : une recherche contemplative), présente comme la voie permettant d'échapper au cul de sac de la démarche scientifique matérialiste. Équilibrer la glaciale approche intellectuelle modèlisante par une contemplation respectueuse, amoureuse. On y va ? ;-) |
Cette Laurence Garcia du dimanche
matin est résolument une "coquine" ! Et ce matin du 13
mai, elle a invité une personnalité à l'écoute de laquelle
on vibre sans réserve, avec délectation : Nancy
Huston. Et si on veut se rendre témoin d'une controverse un peu polémique autour des points de vue défendus par Nancy Huston dans son dernier essai "Reflets dans un œil d'homme", il faut lire les réactions fougueuses de Mona Chollet : http://www.peripheries.net/article331.html Une jeunesse un poil idéologique, face à une sagesse construite sur une formidable vitalité multidirectionnelle. On est content d'être parmi leurs contemporains ! Mais le bouquin de Nancy Huston, faut que je me le procure ! |
Bon, alors je viens de lire le
bouquin de Desmurget "TV lobotomie", et je dois dire que
ce truc est vraiment très intéressant et très édifiant. Je me dis qu'effectivement, l'exposition précoce et prolongée à la télévision et au cinéma instille sans doute profondément le sentiment que le monde est fait pour être passivement contemplé sans qu'il soit possible d'en être acteur. Et n'est ce pas là que se prend le mauvais pli ?... Voyeurisme, déresponsabilisation, désintérêt pour l'idée, assistanat, victimisation permanente,... pas mal de pathologies sociétales sont initialisées et nourries par tout cela. |